Les Emirats arabes unis ont annoncé mercredi avoir déjoué une opération de trafic illégal d’armes destinée aux Forces armées soudanaises (FAS), alors que la guerre civile fait toujours rage au Soudan. Selon le procureur général Hamad Saif Al Shamsi, les services de sécurité émiratis ont arrêté plusieurs membres d’une cellule impliquée dans ce trafic, décrite comme une « grave atteinte à la sécurité nationale ».
L’enquête, rapportée par l’agence officielle WAM, a été déclenchée après la découverte de cinq millions de cartouches à bord d’un avion privé en provenance d’un pays étranger. De l’argent liquide a également été saisi dans une chambre d’hôtel à Dubaï. Les autorités ont identifié une cellule impliquant plusieurs figures liées à l’appareil militaire soudanais, dont l’ex-chef des renseignements Salah Gosh, un ancien officier des services de sécurité, ainsi qu’un conseiller de l’ex-ministre des Finances. Des hommes d’affaires soudanais seraient aussi impliqués.
Les investigations ont révélé un accord portant sur la fourniture d’armes d’une valeur de plusieurs millions de dollars, incluant fusils Kalachnikov, mitrailleuses et grenades. Les fonds auraient transité par une entreprise aux Émirats, gérée par un proche des Forces armées soudanaises, en coordination avec un haut responsable financier militaire. Selon WAM, l’opération aurait été autorisée par le Comité d’armement présidé par le général Abdel Fattah al-Burhane et son adjoint Yasser al-Atta, et aurait généré au moins 2,6 millions de dollars.
Ce développement intervient alors que les violences s’intensifient au Darfour. Le camp de déplacés d’Abou Chouk, près d’El-Fasher, a été bombardé pendant trois jours par les Forces de soutien rapide (FSR), causant la mort de plus de 20 civils et blessant 40 autres. D’autres attaques à El-Fasher et dans le camp de Zamzam ont provoqué la mort de centaines de civils en avril.
Depuis avril 2023, le conflit oppose l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane aux FSR du général Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemedti », dans une guerre qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 13 millions de personnes, provoquant une crise humanitaire sans précédent.